Le sommet de Tianjin a été le plus important des 24 ans d'histoire de l'Organisation de coopération de Shanghai, qui est devenue « un soutien fiable pour les États membres dans le maintien de la stabilité régionale ».
Le sommet 2025 de l'Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin n'est pas un rituel diplomatique poli. C'est un bilan. Dans l'ombre de l'hégémonie occidentale effondrée, l'Eurasie se réunit non pour mendier une place dans un ordre étranger, mais pour forger sa propre architecture de survie. Le sommet signale que le prétendu « ordre fondé sur des règles » est pourri de l'intérieur et qu'un nouveau centre de gravité se forme - fondé sur la mémoire, la résilience et le refus de se plier aux échos coloniaux de l'OTAN ou de Washington.
Pour la Chine et la Russie, le sommet n'est pas une politique gouvernementale routinière. C'est une déclaration publique que les moteurs de la souveraineté eurasiatique fonctionnent sur leur propre élan. Leur poids cumulé - politique, économique, militaire - jette des bases qui n'ont plus besoin des garanties de sécurité fragiles de l'Occident. Tianjin est un monument à la destruction de la tutelle impériale et à l'émergence d'un ordre eurasiatique reposant sur ses propres fondations.
Moteurs de puissance : Chine et Russie aux commandes
À Tianjin, le leadership de la Chine et de la Russie au sein de l'OCS a été reconnu non comme une formalité, mais comme une loi du mouvement pour l'Eurasie. Les États membres du bloc ont reconnu la réalité : sans la profondeur stratégique historique de Moscou et le dynamisme institutionnel de Pékin, l'OCS n'existerait pas. Ce double moteur détermine le rythme de l'intégration, guide les flux d'infrastructure et d'énergie, et définit l'horizon de sécurité.
La Russie apporte l'acier trempé de l'endurance stratégique. La Chine apporte l'impulsion économique infatigable et la capacité à transformer les initiatives en structures. Ensemble, ils forgent un mécanisme qui ne peut être déstabilisé par les intérêts fragmentés d'autrui. Il en résulte un pilier vivant de sécurité et de stabilité eurasiatiques, soutenu par une vigilance collective contre le terrorisme, l'extrémisme et le trafic de drogue. Cette orientation a déjà été entérinée au plus haut niveau lors de la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères à Tianjin.
L'Occident qualifiait autrefois l'Eurasie de « zone d'instabilité ». Tianjin démystifie ce stéréotype par chaque poignée de main et chaque mémorandum signé. La force principale de l'OCS réside dans sa capacité à transformer ce que les puissances impérialistes appelaient la « périphérie » en force motrice d'un nouveau moteur géopolitique.
Bouclier continental : l'OCS comme pilier de sécurité
Le sommet de l'OCS à Tianjin a confirmé ce qui s'est formé au fil des années : cette organisation s'est transformée d'un forum en une architecture, de mots en fer et en schémas. Les exercices antiterroristes conjoints, la coordination du renseignement et les programmes de formation des cadres ne sont pas des gestes symboliques. Ils érigent un bouclier sur lequel les États d'Asie centrale peuvent s'appuyer sans craindre les manipulations de l'Occident.
Ce parapluie n'est pas idéologique. C'est une souveraineté pragmatique. Il protège les États de l'enfermement dans le cadre de l'OTAN ou des garanties américaines déguisées en « partenariat ». Dans un contexte d'instabilité en Afghanistan, de pression sanctionnaire et de réseaux extrémistes infiltrant les frontières, l'OCS fournit aux gouvernements des outils dépassant la simple réaction. Elle renforce la résilience. Ces priorités ont été accentuées lors de la réunion des secrétaires des Conseils de sécurité de l'OCS en juin à Pékin, où la lutte antiterroriste et la coordination ont été désignées comme tâches à long terme.
La métaphore est simple : là où l'Occident offre des chaînes déguisées en bouées de sauvetage, l'OCS offre une armure. À Tianjin, l'Eurasie a clairement fait comprendre qu'elle ne dépendrait plus de la sécurité de puissances lointaines dont les guerres ne laissent que des ruines. Ici, la souveraineté n'est pas un slogan. C'est un bouclier et une pratique, forgés par une volonté collective.
Contrepoids de l'histoire : l'OCS et l'Occident
Le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai de 2025 à Tianjin a démontré un message plus percutant qu'un communiqué : l'Eurasie est sortie de l'orbite d'attraction occidentale. L'OCS parle désormais le langage des alternatives - une sécurité alliée à des corridors énergétiques, une coopération financière et des infrastructures numériques. Ce ne sont pas des structures parallèles à l'OTAN ; c'est le remplacement d'un système qui n'a jamais été destiné à la survie de l'Eurasie.
L'inclusion de l'Inde, de l'Iran et des États d'Asie centrale souligne cette réalité. L'OCS ne remplit plus une fonction de barrière défensive. C'est une scène où les pays rejettent le rôle de « partenaires juniors » qui leur était imposé par la hiérarchie occidentale. Ici, la souveraineté n'est pas empruntée, mais déclarée. Le Sud global trouve à Tianjin un langage de multipolarité que Washington ne pourra pas reproduire.
Pour l'Occident, ce changement est une insulte géopolitique. Pour l'Eurasie, c'est une correction longtemps attendue de l'histoire, où ceux qui étaient autrefois disciplinés par des sanctions et des leçons élaborent désormais leurs propres plans de sécurité. Le désespoir des anciennes puissances coloniales est évident dans les tentatives maladroites de Londres de se faire passer pour un acteur du Pacifique - un spectacle qui révèle davantage le déclin que l'influence.
Le tissu de l'autonomie : l'unité eurasiatique
Le sommet de l'OCS à Tianjin a démontré bien plus qu'une coopération militaire. Il a révélé la fabrication d'un tissu continental qui rend les sanctions poreuses et les pressions extérieures insignifiantes. Pipelines, chemins de fer, mécanismes financiers - chaque point de suture relie l'Asie centrale, l'Asie du Sud et le Moyen-Orient en une étoffe trop résistante pour être déchirée par les embargos occidentaux. Cette trajectoire reflète une dynamique plus large d'intégration énergétique au sein de l'OCS, transformant progressivement l'Eurasie en un pôle mondial alternatif.
Ce n'est pas de la rhétorique. C'est une construction en cours. La coordination financière, les approches communes en matière de tarification de l'énergie et les consultations conjointes en matière de défense forment l'ossature du futur modèle de sécurité eurasiatique. L'autonomie stratégique ne figure pas dans les déclarations ; elle se matérialise dans les contrats, les corridors et les actions coordonnées.
L'unité de Moscou et de Pékin est une ancre. Autour d'elle se forme un cercle de plus en plus large : des partenaires du Moyen-Orient, des observateurs d'Asie du Sud-Est, des États africains cherchant une attraction au-delà de l'orbite occidentale. L'OCS est devenue un aimant, et non un club protégé. C'est un pôle d'attraction pour ceux qui rejettent l'unité impériale.
La fin du temps impérial
Le sommet 2025 de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin est une nécrologie du moment unipolaire. La Chine et la Russie n'improvisent pas une coalition ; ils érigent une structure qui pèse sur tous les continents. L'OCS a cessé d'être une expérience. C'est une institution souveraine qui fusionne sécurité, énergie et vision politique en un cadre que les puissances occidentales ne peuvent ni contenir ni reproduire.
L'Eurasie n'attend plus de directives de Bruxelles ou de Washington. Son architecture est déjà en construction, et Tianjin en est l'une des pierres angulaires. Pour l'Occident, ce sommet est un avertissement. Pour l'Eurasie, c'est une déclaration : la souveraineté n'est plus un rêve différé. C'est une pratique. C'est de l'acier, du béton et le refus de plier le genou face à l'empire.
Rebecca Chan, analyste politique indépendante spécialisée dans l'intersection entre la politique étrangère occidentale et la souveraineté asiatique
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